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Nouveau Parti Socialiste Loire (42)
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31 mai 2006

Conserver des acquis progressistes peut-il etre considéré comme un comportement conservateur ??

Dans le débat à la fois politique et philosophique au sein de la Gauche (voir hors de la Gauche mais pour d'autres raisons), il nous revient souvent l'argument suivant: Ceux qui s'accrochent à leurs privilèges sont nécessairement des conservateurs !!!

Il est interessant de se poser clairement la question car de la réponse procède la posture et le comportement politique qui caractérisent, d'une certaine manière, le clivage au sein de la Gauche politique, syndicale et mouvementiste. Quand, nous parlons de clivage, nous ne faisons pas allusion à celui du 29 mai 2005 entre les ouistes et les nonistes. Nous parlons du clivage plus profond qui traverse la Gauche depuis son avènement. Ce que nous nommons de manière caricaturale et erronée (en tout cas pour l'époque dans laquelle nous vivons), le débat entre "les révolutionnaires et les réformistes".

Pour beaucoup, le débat dans lequel la Gauche est entrée depuis le début du XXIe siècle ressemble à celui qui opposa jadis Jaurès à Guesde (dans le fameux discours des 2 méthodes). Et chacun de vouloir revetir les habits de vertu de Jean Jaurès, au détriment du radicalisme de Guesde.

Mais quelle lecture de ce débat pouvons nous avoir aujourd'hui et que peut-il nous apporter pour éclairer la question que nous avons posé en préambule.

A Gauche, nous avons toujours défini les conservateurs en politique autour de l'idée que ce sont celles et ceux qui défendent et confortent un statut ou une position sociale, acquis contre l'intérêt général et la justice sociale.

Nous avons toujours défini les progressistes comme celles et ceux qui défendent à la fois la dignité et l'émancipation à travers l'intérêt général et la justice sociale.

Nous héritons de ces définitions depuis l'Epoque Moderne dont l'évènement principal reste la Révolution de 1789.

Dès lors que nous sommes le fruit d'une histoire politique très dense (XIXe-XXe), notre famille de pensée a, au fil du temps, acquis dans le combat politique des droits qui aujourd'hui nous sont reprochés comme s'il s'agissait de privilèges. Dès lors, nombreux sont ceux qui nous taxent de conservatisme, ou d'archaïsmes car nous serions trop attachés à un modèle qui n'aurait plus raison d'être.

Voici ce qui explique, en partie, le débat qui nous anime au sein de la Gauche mais aussi et surtout au sein de notre Parti, le Parti Socialiste.

C'est à l'aune de cet argument, que nous pouvons comprendre les deux postures qui aujourd'hui animent la Gauche politique et dont nous ne pouvons qu'accepter la légitimité quoique nous en pensions.

D'un côté celles et ceux qui font de l'exercice du pouvoir (avec ses contraintes) le leit motiv de leur posture pour mieux accepter la "real politik" et ses travers. De l'autre celles et ceux qui au contraire considèrent que c'est ce même exercice du pouvoir (avec ses contraintes) qui nous oblige à replacer le politique au centre du système pour faire face aux pouvoirs agissants  non démocratique (notamment financiers) qui nous conduisent à faire de la "real politik" notre seul cadre d'action.

Dès lors penser que ceux qui défendent des droits apparaissant comme fondamentaux (Education, Protection Sociale, Retraite, Logement, Santé, etc....) dans des modalités qui prennent en compte l'intérêt général et non les vissicitudes du monde économique et financier sont des révolutionnaires, peut paraitre un comble.

Encore plus insidieuse est cette rhétorique, ce discours incessant que nous retrouvons dans la bouche de certains de nos dirigeants au sein du Parti Socialiste [nous étions plus habitués à l'entendre de la bouche de nos adversaires politiques] qui laisse imaginer que nos droits chèrement acquis ne seraient, en fait que des privilèges qui pénalisent notre société. Mais qui donc est pénalisé par le fait de posséder une protection sociale qui lui permette de se soigner correctement ou de profiter d'une retraite [financée sur le principe de solidarité entre les générations] bien méritée après des années de labeur et de service rendu à la société tout entière ??

Peut-on confondre ce qui relève du droit inaliénable et fondamental de l'homme et de l'humanité avec ce qui est du domaine du privilège héréditaire ou dynastique ?? N'y a t il pas là une malhonneté intellectuelle évidente ?? Peut on comparer le code du travail qui régit le rapport entre employés et employeurs en sécurisant les premiers des humeurs ou obligations des seconds et les situations de monopoles privés qui s'élaborent depuis maintenant trente ans au détriment de l'intérêt général ? Ou se situe, dans ce cadre la vertu, l'Ethique et la Décence ?? Est-il dans le camp des progressistes "néo-conservateurs" ou des conservateurs encore plus conservateurs ??

Ce que nous voulons conserver, nous ne le voulons pas seulement pour un petit groupe ou pour de petits intérêts. Nous le voulons pour la majorité du Peuple. La conservation des acquis progressistes ne peut donc pas être stigmatiser comme étant un comportement de conservateur. Mais la destruction ou la non défense de ces même acquis progressistes reste et restera profondément un comportement de conservatisme politique.

Car, évidemment, nous ne sommes toujours pas sortir du rapport de force né de 1789. Bien au contraire. La période qui s'ouvrent devant nous ressemble étrangement à une nouvelle revanche, à une nouvelle contre-réaction. Il en va ainsi de la marche du monde politique. Comment pourrait-il en être autrement, compte tenu du fait que le monde dans lequel nous vivons est profondément marqué par l'histoire politique de notre passé. Malheureusement, il existe encore des Possédés et des Possédants, des Opprimés et des Opprimants, des Exploités et des Exploitants, des Dominés et des Dominants.

La Démocratie est la seule arme qui donne la parole et la possibilité d'acceder au pouvoir à celles et ceux qui ne sont pas du bon côté de la barrière. La Réforme c'est l'outil politique qui traduit les revendications révolutionnaires en actes législatifs et gouvernementaux sans terreur, ni violence. La Réforme n'a jamais fait de l'accompagnement d'un système sa source de réussite, bien au contraire. Elle est l'alliée objective de l'audace et du courage en politique. N'est ce pas ce que nous recommendait Jaurès en son temps.

Loin de déprécier son partenaire de diatribe politique (Jules Guesde), il lui donnait raison dans son analyse politique de fond mais lui proposait une posture, un comportement et une culture d'ouverture (et non pas de compromis ou de consensus) pour traduire ses revendications "révolutionnaires" en mécanisme de transformation de la société.

Ce que nous pouvons, aujourd'hui, retenir du débat entre Jaurès et Guesde se résume à la question du courage et de l'audace en politique. Voici, les qualificatifs qui doivent caractériser notre projet socialiste sinon nous passerons à côté de la victoire politique (et non électorale) dont notre société à besoin.....

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