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Nouveau Parti Socialiste Loire (42)
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16 octobre 2006

Quand les victoires du populisme sonnent comme notre renoncement aux idées et aux convictions

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S'il y a bien une question qui retient toute mon attention, c'est bien celle de l'extrême droite. Je ne cesse de parler de ce fait car, il détermine presque à lui seul les ravages de la "real politik" et du culte désormais assumé de la démocratie d'opinion.

Le monde politique fait parti de ces mondes qui n'a pas peur des figures de style. Et pour cause, l'art de la pirouette n'est-il pas corollaire de la pratique politique. Permettez-moi de soumettre à votre analyse l'expression "démocratie d'opinion". Car il faut remonter à l'origine de la Démocratie pour en comprendre à la fois la supercherie et le biais. A l'époque de Periclès (parangon de la démocratie athénienne), les détracteurs de ce nouveau régime politique naissant (imparfait car n'oublions pas les critères discriminants qui présidaient à l'accès à la citoyenneté grecque), les détracteurs jouaient sur la polysémie du terme "Demos". Chacun d'entre-nous a appris dans notre Ecole de la République que le terme Démos qualifiait l'idée de "Peuple" en français. Dans un régime ou la souveraineté populaire avait une immportance capitale comment aurait-il pu en être autrement. Sauf que le choix de la traduction de "Demos" par "Peuple" éclipse l'autre sens que l'on conférait au IV-Ve siècle avant J.C.: Celui de Foule, de Masse. Toutes celles et tous ceux qui voyaient dans la démocratie une diminution notable de leurs pouvoirs s'engoufraient donc dans cette faille terminologique pour justifier la dégénéresance du régime démocratique. Cela rappelle étrangement le discours des déclinistes en France.

Car, il en est ainsi de la Démocratie. A chaque face de sa pièce correspond une tenue, une posture, un comportement.

Lorsque s'exprime l'intelligence, la raison, les convictions (mêmes utopiques, le rêve étant l'étape initiale à la projection donnant naissant au projet puis au programme) dans une société organisée de façon à libérer les compétences (académiques ou empiriques) et à ventiler le renouvellement en son sein, le mot "Peuple" remplit pleinement son rôle de traduction du préfixe "Demos" dans la notion Democratie.

Lorsque s'exprime l'émotion, le sensationnel, Les préjugés, les lieux communs (ce que l'on nomme la vulgate) et la "Doxa" (je reviendrai sur ce terme un peu plus tard) dans une société figée dans l'immobilisme et résistant aux renouvellements, les mots "Foule" et "Masse" prennent de manière instinctive le dessus sur le terme noble de "Peuple" dans la notion de Démocratie.

L'expression "Démocratie d'opinion" relève de l'oxymoron (une pirouette politique pour rendre noble une chose qui ne l'est pas) si nous daignons encore défendre la noblesse du pouvoir conféré au "Demos". Dans le cas contraire, que les grands partis politiques acceptent d'être devenus des partis populistes et non populaires et qu'ils ne s'étonnent pas de voir les champions du populismes être performant dans ce domaine. Jouer avec les émotion du Peuple, ce n'est certainement pas rendre au hommage à l'Intelligence de ce dernier.

Voici, ce à quoi, nous faisons face aujourd'hui. Les grands partis de gouvernement, pris de plein fouet par la rhétorique des spécialistes de la Communication, ont oublié ou ne veulent plus parler de convictions, de valeurs. L'electorat est un grand marché ou chacun se bat pour occuper le plus grand segment et pour être sur de plaire, ils sondent l'opinion. Ce qui fait l'election c'est l'opinion et plus la force de conviction. C'est donc la "Doxa" (Opinion en grec) qui devient maitresse du jeu.

Si la Doxa, l'opinion est reine du jeu politique, les partis de gouvernement ne sont pas les plus habiles à ce jeu là. Les partis habitués à surfer sur les émotions, sur la vulgate (préjugés et lieux communs) se sont les partis dits populistes. Eux savent de quoi ils parlent. Ils excellent dans la propagande du désespoir suscitée par le sentiment réel d'abandon.

Face à la démission des grands partis de gouvernement à porter des convictions assumées et devenus enclin à jouer l'opinion, nous courons le risque de mauvaise surprise. Nous en avons déjà connu. Le 21 avril 2002 a été une douloureuse expérience. Même depuis, rien n'a changé, si ce n'est l'influence grandissante des partis d'extrême droite partout en Europe. Signe que les leçons n'ont toujours pas été tiré. Les militants de Gauche et ceux de notre Parti Socialiste doivent prendre conscience que nos discours ne résonnent plus car ils passent tous pour des discours de résignation ou de démission. En jouant l'opinion, c'est la Démocratie que l'on sacrifice sur l'autel de la rentabilité electorale.

Je vous invite à lire la tribune de Philippe Thureau-Dangin intitulée "La gangrène de l'Europe", éditorialiste du Courrier International en complément de cet édito.

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